Tout autant une question de patrimoine que d’identité

Le 15 avril 2019, dans l’après-midi, un incendie d’origine accidentelle selon les pompiers a dévasté la cathédrale Notre-Dame de Paris. Des travaux de réfection de la toiture étaient en cours et on ne sait pas encore s’ils sont à l’origine du sinistre. Toujours est-il que le feu ayant pris dans les combles, une charpente en bois de 800 ans, l’ensemble de la toiture n’y a pas résisté et la flèche s’est effondrée.

On ne connait pas encore l’ampleur des dégâts. Il semblerait néanmoins que la structure de l’édifice n’ait pas été touchée. L’enquête de la police et les premières constatations des experts nous en apprendront plus.

Notre-Dame est l’un des symboles les plus connus de Paris de par le Monde. Édifice religieux, construit du 12ème au 14ème siècle, ce chef d’œuvre de l’Art gothique est devenu au fil du temps le monument historique, le plus fréquenté de la capitale. Que l’on soit croyant ou non, on ne peut qu’être admiratif devant le travail des bâtisseurs du Moyen-âge quant à la qualité de la construction tout en élévation, la finesse des sculptures ou la beauté des vitraux.

Aujourd’hui dans son linceul de cendres et de fumée, la cathédrale décapitée nous appelle à l’aide, mais également à la vigilance. Après l’incendie volontaire (d’après les derniers éléments de l’enquête) dans l’église Saint-Sulpice, le 17 mars dernier ou la profanation de la basilique Saint-Denis, également en mars, il est légitime de se poser des questions sur l’incendie de Notre-Dame en évitant tout amalgame.

Il est hélas triste de constater que la violence s’est de plus en plus banalisée dans nos sociétés car il devient de plus en plus difficile de communiquer. Violences et dégradations sont désormais des moyens de revendication. Les récentes manifestations des gilets jaunes et la réaction des forces de l’ordre qualifiée de répression par certains nous en ont donné la parfaite illustration.

L’incendie de Notre-Dame n’est peut-être dû qu’à un simple accident sur le chantier ou une malheureuse négligence. Avant d’en rechercher les causes réelles ou éventuelles, regardons l’évidence. Que ces événements soient fortuits ou calculés, ils nous interrogent sur nous-mêmes. Ces églises, cathédrales, chapelles ou basiliques font partie de nos racines. La position de ces édifices au centre des cités n’est pas le fruit du hasard. L’église était le point de ralliement des fidèles, du village et un lieu d’asile car sacré. Les racines de l’Europe sont, qu’on le veuille ou non chrétiennes, comme elles sont également païennes et polythéistes avant la christianisation. Nous nous sommes enrichis de l’apport des autres cultures et civilisations qui ne peuvent cohabiter que dans un respect mutuel.

Rejeter l’autre, c’est se rejeter soi-même. Brûler une église ou détruire des Bouddhas géants, profaner un cimetière juif ou tirer dans une mosquée, voilà autant d’actes tout aussi condamnables les uns que les autres.

Notre-Dame nous appelle à la réconciliation que l’on soit catholique, ou plus généralement chrétien, juif ou musulman, bouddhiste ou animiste, agnostique ou athée. De grandes fortunes françaises ont déjà promis des dons importants. Un grand merci pour le geste. Mais l’argent ne fait pas tout. Il faudra aussi du temps et le travail patient de nos compagnons bâtisseurs pour panser les plaies.

Dieu, quant à lui, ne compte pas les larmes.

Article du 16 avril 2019