Les maux dits

Il y a ce que la bouche dit et ce que l’oreille entend. Nous devrions tous méditer les leçons des philosophes. En son temps, Socrate était réputé pour son infinie sagesse. Un jour, lorsqu’il fut interpellé par un homme qui voulait partager avec lui un « on-dit », il le soumit au filtre des 3 passoires :

  • La Vérité. Avez-vous vérifié que ce que vous dites est vrai ?
  • La Bonté. Ce vous avez à m’apprendre est-il bon ?
  • L’UtilitéEst-il utile de me rapporter cette histoire ?

N’ayant eu que des réponses négatives à ces trois questions, Socrate conclut que, si ce qu’on avait à lui raconter n’était ni vrai, ni bien, ni utile, il ne lui était pas nécessaire de le savoir.

« Tourne 7 fois ta langue dans ta bouche avant de parler », dit l’adage populaire.

Nous ne prenons pas conscience de la portée de nos mots, les mots peuvent se muer en maux.

Hier, une femme interviewée au Journal Télévisé de 20h avouait sa peur du virus. « On ne le voit pas, disait-elle. Un avion ou des bombes, on l’entend. »

L’avait-elle vécu ?

Quand on parle de guerre, lorsque ce mot est asséné 7 fois par le Président de la République, le mot de guerre provoque des dommages dans les esprits.

Pour les uns, la guerre est un concept abstrait, un flot d’images ininterrompues lors d’un conflit majeur, à l’autre bout du Monde, comme ce fut le cas de la Guerre de Golfe d’août 1990 à février 1991.

Pour d’autres, c’est une épreuve, un quotidien de souffrances. L’épreuve et la souffrance concernent tant les civils écrasés sous le déluge de feu que les combattants engagés dans le conflit.

La peur de l’inconnu hante les premiers ; celle de revivre l’horreur les second avec peut-être plus de résilience.

Je ne pense pas qu’entendre des roquettes ou des missiles, respirer un air saturé de poudre et partout l’odeur pestilentielle de la mort soit préférable à un ennemi invisible.  Ceux qui ont leur famille ou des amis dans des zones de guerre en savent quelque chose ; ceux qui ont un père, un oncle, un fils, une mère, une sœur ou une fille sur un champ de bataille peuvent aussi le comprendre.

Je ne souhaite à personne d’entendre des explosions, de voir sa vie réduite en cendres, de perdre un frère, un ami, un proche, un voisin.

J’aime la vie au jour le jour. Alors, je reste chez moi pour ne pas devenir un tueur ou une victime.