Jeu tue-il ?

Aujourd’hui, sur proposition d’une blogueuse littéraire, je me suis livré à un petit jeu :

  • Prendre le premier livre qui me tombait sous la main
  • L’ouvrir à la page 98
  • Et lire la première phrase complète
  • Pour en faire ressortir un message

Au hasard, j’ai choisi : Un Monde sans fin de Ken Follett [Suite des Piliers de la Terre].

Page 98, la phrase était : « Toutes les travées étaient différentes. »

Elle était précédée de : « Il suffisait de regarder le sol sur lequel nous nous tenions en ce moment ! »

Qu’en tirer comme conclusion ?

En remettant la phrase dans son contexte, j’y trouvais comme un écho à ce que je vivais depuis le début de cette semaine très particulière de mars 2020. Il suffirait en effet d’observer le sol, la terre où nous nous tenions ; prendre conscience de ce qui nous porte. Savons-nous encore regarder ? Contempler, est-ce pour beaucoup une perte de temps ? La suractivité de nos vies modernes nous occulte l’essentiel, le sens de l’existence.

Arrêt sur image ! Et, si nous étions obligés de nous retrouver en nous-mêmes. Une remise en question est parfois nécessaire ; elle peut être salutaire.

N’avions-nous pas perdu le bon sens ?

Et que dire de ces travées, toutes différentes ? La travée est un espace construit, une ouverture ou un élément de construction délimité entre deux points d’appuis principaux verticaux (poutres, colonnes, piliers, etc.). Au sens originel, c’est une ouverture ordonnée avec d’autres ouvertures. La travée est aussi associée à une division de salle en architecture.

Quant à la différence, elle s’explique aisément. La différence fait notre richesse. En architecture, si l’on se place dans le cadre du roman, cette différence crée un déséquilibre. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti à la lecture de cette phrase.

En me plongeant dans mon quotidien de confinement, j’en conclus que nos ouvertures doivent être relatives ; nous ne pouvons pas nous ouvrir de la même façon avec toutes les personnes que nous rencontrons. Certes, nous devons conserver notre Soi, tout en évitant de croire que tout ce qui nous entoure est, en tous points, semblable.

La travée est notre espace, à la fois intérieur et extérieur. Vivre confinés, nous impose la contrainte de l’espace vital dans lequel nous nous sentons entravés.  Nous devons retrouver la paix en investissant notre espace intérieur, faire le vide, nous débarrasser des scories et autres parasites qui nous empoisonnent. L’uniformité est la négation de la vie. La vie est multiforme. Nous avions tout simplement oublié d’en apprécier la saveur.