Si la conscience a un prix.

Jean Gabin

« Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute. » Ce sont les mots que Michel Audiard avait mis dans la bouche de Jean Gabin (Le commissaire Joss) en s’adressant à Dany Carrel (Nathalie Villar) dans le film de Georges Lautner « Le Pacha » (1968).

Mais la conscience a-t-elle un prix ? Peut-on l’acheter ? Qui serait prêt à la vendre ?

La réponse à la première question peut être tout aussi affirmative que négative. Tout procède de ce que vous mettez dans le terme de conscience. En se référant à une définition du Larousse, on entend par conscience :

  • Connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur.
  • Représentation mentale claire de l’existence, de la réalité de telle ou telle chose : L’expérience lui a donné une conscience aiguë du danger.

En psychologie :

  • Fonction de synthèse qui permet à un sujet d’analyser son expérience actuelle en fonction de la structure de sa personnalité et de se projeter dans l’avenir.

En résumé, une connaissance de sa propre existence et celle du monde extérieur s’apparente à un retour d’expérience que l’on peut partager ou vendre en accompagnement (coaching) comme on pourrait également le faire s’agissant de la représentation mentale de l’existence.

Cela est plus discutable lorsqu’on aborde la conscience sous l’angle psychologique ou philosophique. Dans ce cas, on touche à une représentation morale de son expérience et de son rapport à autrui ou à ce qui nous entoure. Cette conscience morale nous place sur un autre plan que la simple connaissance ; elle nous pousse à analyser la portée de nos actes selon une grille de référence venant de notre éducation, de notre savoir-être, de notre intuition, des codes notre communauté ethnique ou religieuse. Les notions de « Bien » et de « Mal » peuvent également entrer en ligne de compte. C’est de cette conscience-là dont je veux parler, celle qui figure sur une échelle de valeurs qu’on ne peut ou qu’on doit transgresser.

Peut-on acheter cette conscience-là ?

Toute personne qui a intérêt à un gain quelconque peut mettre le prix pour acheter la conscience de quelqu’un. Toute personne qui a commis un acte répréhensible au regard de la Loi (sociale ou morale) peut se racheter une conscience en agissant de manière plus conforme à cette même Loi. Dans le premier cas, on pourra parler de corruption ; dans le second, de rédemption. La corruption peut être condamnable ; la rédemption, une grâce. On jugera tout autant celui qui a acheté la conscience de quelqu’un que celui qui en a fixé le prix pour la vendre. Tout sera fonction de la finalité de cette transaction. Acheter la conscience d’un criminel pour éviter la commission d’un crime encore plus horrible ne pourrait-il pas être considéré comme acte non blâmable ?

Pourrait-on critiquer celui qui, voulant faire pardonner son crime, ses fautes ou ses péchés, aimerait donner aux autres une image différente en faisant le « Bien » ?

À la dernière question : Qui serait prêt à la vendre ?

Tout dépend de votre degré de conscience.

Je vous laisse y réfléchir.