Ou comment réinterpréter le langage non-verbal

Chaque culture a ses codes. Les contacts physiques sont plus mesurés dans certains pays nordiques. Les Japonais évitent le regard direct et fixent la nuque de leur interlocuteur ; chez eux, l’inclinaison du corps est plus prononcée lorsqu’on rencontre une personne ayant un rang supérieur.

En Afrique, on évite de regarder une personne dans les yeux ; selon le rapport hiérarchique ou l’âge de la personne, on baissera les yeux quand la position sociale est plus basse ou quand on est plus jeune.

Les Méditerranéens sont plus kinesthésiques (tactiles) que les populations asiatiques ou nordiques.

Les rapports humains peuvent être à l’image de l’abricot ou de la noix de coco. L’abricot a une chair tendre mais son noyau est dur (il contient une substance toxique apparentée au cyanure) ; la noix de coco a une coque dure qu’il faut briser pour atteindre une chair ferme et sucrée et enfin se désaltérer de son jus. Les Américains sont plutôt « Abricots ». Le contact avec eux est facile, convivial, enthousiaste, mais lorsqu’on veut renforcer la relation, on tombe sur un noyau. Avec les Français, on est plutôt « Noix de coco ». L’entrée en matière peut être difficile et demande de la patience, mais lorsque la relation est consolidée, elle devient durable.

En période de doute, notre sécurité nous impose de nouveaux codes. Je veux parler des gestes barrières. La gestuelle fait partie de la communication, elle en est une des composantes. En effet, la communication passe par trois canaux : le Verbal (mes mots), le Para-verbal (ma façon de m’exprimer) et le Non-verbal (ma gestuelle). Le Non-verbal est, selon de nombreuses études, le constituant principal de la communication émise et reçue.

Les gestes barrières vont fausser notre perception de la communication. La poignée de mains, geste anodin de salut dans de nombreuses civilisations, est désormais prohibée. Les effusions sont devenues interdites et la proxémie nous impose une distanciation de sécurité (1 mètre) qui correspond à une distance sociale.

Qui dit barrière suppose protection, limite, refus. La barrière est l’antithèse de la communication. Mettre une barrière, c’est rejeter la communication. Cette barrière-là a certes un autre but : éviter la propagation. Mais dans l’inconscient collectif la barrière va cloisonner un peu plus nos sociétés déjà confinées dans un individualisme voyant plus que latent.

Qu’en tirer comme conclusion ?

Nous devrons changer notre lecture de la gestuelle après le confinement. Car il est évident que les comportements acquis perdureront au-delà, tant que la menace ne sera pas réellement écartée.  Nous devrons également accepter comme une évidence que les virus font partie intégrante de notre Monde ; ils en sont même les éléments les plus anciens. Sur l’échelle du temps de l’Univers, l’Humanité ne figure qu’une année, alors que les virus en représentent trois millénaires. Un virus ne se développe qu’en investissant un corps. Et le corps devra se défendre contre cet envahisseur. S’il n’en est pas capable, le corps sera détruit. S’il en sort vainqueur, les anticorps l’immuniseront. La vie est une perpétuelle lutte dans laquelle le plus coriace ou le plus intelligent survit. Contre le virus, il faudra être le plus fort. L’intelligence, à savoir le psychique, pourra nous y aider.

Nous devons donc réapprendre à vivre avec ces nouveaux codes.