Ordem et Progresso

Chaos, Ordre et Progrès que l’actualité nous inspire en ces temps troublés nous amène également à réfléchir sur l’Homme, l’Humanité et son destin. Selon le Dictionnaire, le chaos (du grec Khaos ou abîme) désigne :

  • Une confusion générale des éléments de la matière, avant la formation du monde.
  • Un ensemble de choses sens dessus dessous et donnant l’image de la destruction, de la ruine, du désordre.
  • Un état de confusion générale.

En un mot, le chaos est associé à la confusion qu’il s’agisse des éléments d’avant la Création ou d’éléments physiques, psychiques ou mentaux conduisant à un dysfonctionnement, voire un anéantissement.

Le chaos est à la fois la fin d’une existence et le début d’une naissance ou d’une renaissance. C’est un passage du néant à l’être ou de l’être au néant.  Le chaos est-il désorganisé ou est-il désorganisation ?

En l’observant de plus près, notre Monde actuel vit dans un chaos perpétuel. Partout, règne un immense chambardement voulu ou subi, entretenu par des guerres ou des conflits, amplifié par des phénomènes climatiques qui annoncent la fin des temps.  « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait Lavoisier. Notre temps, tel que nous le connaissons, est en phase terminale, il agonise de ses propres contradictions.  En instaurant la primauté de la matière sur l’esprit, et de l’avoir sur l’être, la course folle de nos sociétés libérales a débouché sur le néant, le vide sidéral de l’essence de notre existence. La recherche du progrès matériel comme la dictature des sciences et de la raison nous a occulté l’essentiel, notre Pourquoi !

Pourtant, le chaos est nécessaire. Beaucoup d’évènements obéissent à sa théorie, la Théorie du Chaos que l’on retrouve dans le principe de non-linéarité démontré en climatologie par Edward Lorenz et son Effet Papillon.

Ordo ab Chao

Du Chaos surgit l’Ordre. C’est la devise du Rite Écossais en Franc-Maçonnerie. Elle se réfère à la Genèse. Quand du Chaos ou Tohu-Bohu initial (que l’on retrouve dans la Kabbale), l’Étincelle divine a engendré le Monde.  Ce chaos est le Big-Bang, explosion de la Matière d’où a surgit l’Univers. Sans Chaos, pas de Création. Ni d’Ordre !

Ordem et Progresso (sur le drapeau brésilien)

Les réformateurs brésiliens se sont emparés d’une phrase mutilée d’Auguste Comte[i] pour ériger en système politique le Positivisme. À l’instar de leurs consorts étatsuniens, ils ont utilisé ce positivisme pour combattre les religions traditionnelles ainsi que l’Église afin de promouvoir une société moderne fondée sur les sciences et l’industrie.

Rendons à Auguste ce qui est à Comte : « L’amour pour principe, l’ordre pour base, et le progrès pour but ; tel est, d’après ce long discours préliminaire, le caractère fondamental du régime définitif que le positivisme vient inaugurer. »

Sans amour, on ne peut pas grand-chose. Ne retenir que l’ordre et le progrès était donc bien réducteur. On ne gagne rien à réduire les choses. Mieux vaut voir en grand. Rien ne se fait sans grandeur. Et l’amour peut mener à de grandes choses comme au pire désastre. Car l’amour est souvent source de confusion des sentiments notamment. Vous avez dit confusion ! Le chaos en est une des manifestations. Et si l’amour était source de chaos ?


[i] Auguste Comte, né Isidore Marie Auguste François Xavier Comte le 19 janvier 1798 à Montpellier et mort le 5 septembre 1857 à Paris, est un philosophe français, fondateur du positivisme.