Le 11 mai pourrait être un leurre

Quand la confusion [1] crée de la confusion[2], il y a confusion[3]. L’embrouillamini autour du Covid-19 a suscité un débat entre experts ou pseudo-spécialistes, profanes ou experts autoproclamés, délires en tous sens, un sens dessus-dessous frisant le grotesque.  De la simple grippe à la pandémie de fin du Monde, personne ne s’accordait sur la dangerosité du virus. Pour le commun des mortels, il y avait de quoi perdre son latin ou à défaut l’esprit, le cafouillage gouvernemental aidant.

Parmi nos ministres, les uns demandaient aux Français de rester cloitrés pour se préserver de la menace virale, quand d’autres les invitaient à se rendre aux urnes afin d’élire leurs édiles locaux.

Selon leur activité, les chefs d’entreprise devaient choisir entre le chômage partiel ou la poursuite du travail avec toutes les sécurités requises. Pour ceux exerçant dans les loisirs, la culture, la restauration ou le tourisme, tirer le rideau leur était imposé, séance tenante dans les 3 heures de l’annonce du Premier Ministre, un samedi soir de surcroit.

La population ne devait pas se risquer au-dehors et respecter une distanciation, mais la dérogation restait possible, muni d’un laisser-passer rappelant un certain ausweis de sinistre mémoire en caricaturant bien. Cela n’empêcha pas l’exode massif de certains vers leurs maisons de campagne ou chez leurs parents en province. Paris est tellement invivable pour le Parisien que seuls les étrangers nous l’envient.

Masqué ou pas, Zorro ne saurait plus où donner de la tête. Inutile pour les uns, vital pour les autres, le masque faisait carnaval, même la porte-parole du gouvernement s’emmêlait à trop s’en mêler. Il devint évident qu’à force de délocaliser par un néolibéralisme suicidaire, on avait perdu tout un savoir-faire que certains redécouvraient en produisant local ce que des containers nous livraient de Chine, à commencer par des accessoires de protection. Quand il est possible de s’échiner à fabriquer sur place, il n’est plus nécessaire d’acheter des chinoiseries.

La communication élyséenne ne fait pas exception. Personne ne peut affirmer que la pandémie sera éradiquée à plus ou moins brève échéance. Bien malin qui peut prédire si un traitement est efficace ou s’il faut attendre un hypothétique vaccin, sans effet en cas de mutation virale. Néanmoins, le Chef de l’État a donné un cap de début de déconfinement, assorti de certaines réserves concernant les populations autorisées à sortir de chez elles. Il n’en fallait pas moins pour que l’euphorie embrase quelques têtes folles, des cervelles de moineaux (sûrement plus intelligents que les bipèdes auxquels je fais allusion). Certains se voyaient déjà ! Et que je m’enthousiasme pour toutes les folies que je pourrais refaire. Quelques-uns auraient même anticipé avec les beaux jours. Pauvres naïfs !

L’Élysée préconiserait de rouvrir en priorité les crèches et les écoles. On croit rêver. Notre président a-t-il des enfants ? Est-il utile de rouvrir des écoles en mai pour les refermer fin juin ? Pensez-vous qu’un parent responsable laisserait son enfant se frotter à d’autres enfants dans des classes surchargées ? Croyez-vous qu’un enseignant envisagerait de faire la classe, alors que rien n’est réglé sur le plan épidémique ? Quelle est la motivation réelle de cette décision, sinon de libérer les parents salariés de la garde de leurs enfants pour les remettre au taf ? Il faut produire, gagner de l’argent, remplir les caisses de l’État, payer nos chers haut-fonctionnaires de la République.

Rendons à Emmanuel ce qui est à Macron. Son annonce se voulait peut-être rassurante. En fixant le 11 mai 2020 comme un objectif hasardeux, voulait-il redonner espoir ? Ne me prétendant pas Cassandre, je ne m’avancerais pas. Mais nous ne sommes pas encore libérés de… ce confinement.


[1] Désordre

[2] Gène ou embarras

[3] Méprise