Sur ma vie

In Memoriam

À ma mère Nelly, à Simon, Robert et Armand

Mardi 7 janvier [2014], France 2 diffusait un documentaire émouvant de Marie Drucker consacré à Charles Aznavour, l’homme, sa vie, sa carrière. Fils d’émigrés arméniens, Micha, né en Géorgie près de Tiflis (Tbilissi) et de Knar, née en Turquie à Adapazar près de Constantinople, Charles (Varenag de son prénom arménien) est venu au monde à Paris ; Aïda, sa sœur aînée ayant vu le jour à Salonique en Grèce.

C’est avec la rage contre les critiques immondes que le petit étranger est devenu un des plus grands chanteurs francophones au monde. À une époque où les médias n’avaient pas autant d’impact, avant la domination de l’Internet dans le domaine de la communication, Charles Aznavour a su tracer un microsillon dans le vinyle de la gloire.

Alors que certains utilisent l’humour pour véhiculer la haine, Aznavour a démontré que, sans recours à la justice, ni à des circulaires ministérielles, un homme seul avec sa foi chevillée au corps pouvait se moquer des sarcasmes, qui au-delà de sa personne blessaient une communauté toute entière rescapée du génocide de 1915.

Pour ne blesser personne, parmi le peuple turc, Charles Aznavour, pourtant interdit en Turquie après avoir enregistré « Ils sont tombés… », n’utilise pas le terme de génocide mais celui de massacres. Ce glissement de langage a heurté nombre d’Arméniens. Et pourtant, ne serait-il pas temps de réconcilier les hommes autour de la mémoire et du pardon ? S’enfermer dans le passé conduit au dessèchement de l’âme, il faut profiter de son présent tout en se projetant dans un avenir en mouvement.

C’est à ce prix qu’on est toujours vivants.

Article publié sur Canalblog le 10 janvier 2014

Nota : Charles nous a quitté le 1er octobre 2018. Il a rejoint sa cousine Nelly et ses trois frères, mes oncles, Simon, Robert et Armand qu’il avait cité dans « Le Temps des Avants ». Il restera à jamais une part de mon ADN, de mon sang, de ma famille.