Aujourd’hui… J’accuse !

Le 3 octobre 2018, Gérard Collomb faisait cette prédiction, en guise de sermon pour son départ de la Place Beauvau : « Aujourd’hui on vit côte à côte… Je crains que demain on vive face à face. »

Il avait hélas raison. La France est coupée en deux. Le mariage pour tous avait montré, en son temps, une première fracture. La crise des Gilets Jaunes est beaucoup plus profonde.

Une campagne présidentielle calamiteuse en 2017 a mis sur orbite un candidat de circonstances, soutenus par les médias aux mains de 9 riches milliardaires et de grands argentiers craignant pour leurs privilèges. Il leur fallait un homme jeune, ambitieux et docile, proche des intérêts européens de Bruxelles, ami des banques et des multinationales, atlantiste et quelque peu russophobe.

Trop proche de la Russie et peut-être trop classique, François Fillon, le gagnant surprise contre Alain Juppé, représentait un danger qu’il fallait éliminer. Le PénélopeGate sera son tombeau pour une disparition politique programmée. Fillon hors course. Restera le péril Jean-Luc Mélenchon. Ce « Vénézuélien » pro-Chaviste sera caricaturé dans les médias. Et pour nuire à son ascension, le Parti Socialiste lui jettera un Benoît Hamon dans les jambes, véritable croche-pied électoral pour lui faire perdre des suffrages.

L’affiche de la finale était alors connue. Marine Le Pen affronterait l’inconnu de la politique, le gendre idéal, Emmanuel Macron. Emmanuel Macron, un candidat fabriqué de toutes pièces par cette intelligentsia parisienne et affairiste n’avait aucun réel obstacle à parvenir à la magistrature suprême.

Attali et Jouyet, ses deux parrains en politique avaient déjà écrit le scénario. Il ne suffisait qu’à agiter le chiffon rouge du fascisme, du racisme, de l’homophobie incarnés par la représentante de l’extrême-droite pour alimenter la peur des Français ou les écœurer d’aller voter.

Avec une participation en baisse de 74,56% du corps électoral et 65,95% de bulletins exprimés, Emmanuel Macron sera élu avec 20 743 128 voix sur un corps électoral de 47 582 183 inscrits. Certes, il a réuni plus d’électeurs que ses prédécesseurs (hormis Jacques Chirac en 2002 contre Jean-Marie Le Pen), mais avec une participation moindre et plus de 4 millions de votes blancs et nuls (soit 2 fois plus que lors des précédentes élections). Il faut souligner que le score de Marine Le Pen a doublé en voix par rapport à celui de son père en 2002.

Dès le soir de l’élection, je pressentais le danger de ce résultat, partisan personnellement d’un ni…ni.

On a pris les Français pour des imbéciles. L’élection de François Hollande en était déjà la prémisse. Les réformes du droit du travail (piloté par Emmanuel Macron) et du mariage pour tous ont accentué la division de la société française avec un début de répression. Les samedis de contestation de Gilets Jaunes font de la France la risée à l’étranger. La répression policière est devenue insoutenable. Les casseurs en auront moins soufferts que de simples manifestants pacifiques. Les caïds des cités doivent bien rire (et pas jaune). Jamais la police n’usera de tels moyens pour les déloger parce que l’ordre républicain par la voix de ses édiles locaux veut la paix sociale.

Je suis contre toutes les violences d’où qu’elles viennent, quelles qu’elles soient physiques ou psychologiques. Si nous aimons nos forces de l’ordre pour maintenir la sécurité, peut-on les excuser d’user d’une violence disproportionnée contre nos propres citoyens, notamment désarmés ?

Peut-on condamner un boxeur professionnel affrontant à mains nues des gendarmes casqués et armés, tout en amendant un officier de police s’acharnant sur un homme collé contre un mur à Toulon ? Le premier s’est rendu, le second essaie de se justifier.

J’ai mal à ma France.

J’ai mal à la Justice de mon pays.

J’ai mal au visage que prennent nos institutions.

J’ai mal à l’incompréhension de mes contemporains qui pour plus de sécurité sont prêts à perdre leur liberté.

J’ai mal à ma liberté bafouée par l’argent et l’injustice.

J’ai mal pour ceux qui souffrent et qu’on culpabilise au nom du climat.

Et aujourd’hui, J’accuse.