Les corps ne seraient plus biodégradables !

Sommes-nous toujours égaux devant la mort ? Il semblerait que non. Dans l’Égypte ancienne, les pharaons aimaient se faire embaumer. Enfin, à ce stade de leur existence, cela ne leur faisait plus ni chaud, ni froid. Mais pour les proches comme pour leurs contemporains, l’embaumement leur garantissait, du moins le croyait-on, un passage dans l’au-delà en toute majesté. Royal, quoi !

Imaginons-nous entrer dans cet Autre monde pourvus de la même enveloppe charnelle, immaculée et imputrescible afin de continuer à vivre dans cette Éternité. Encore fallait-il aller dans la bonne direction. Les Voies du Paradis ne sont pas ouvertes à tous. Le péage y est assez cher dit-on. Quant aux Autoroutes de l’Enfer, elles ne sont pas pavées des meilleures intentions pour les candidats au voyage.

Afin de démontrer à l’homme son insignifiance eu égard à Dieu bien entendu, ce Dernier lui rappela qu’il n’était que poussière – cosmique évidemment – et qu’il y retournerait (toujours à la poussière pour ceux qui auraient balayé la page du regard). C’est écrit (réf. Genèse 3:19) ! Et comme c’est écrit, c’est donc parole d’Évangile, cela va de soi.

Pourtant, les choses changeraient. Venant d’outre-Rhin, la nouvelle serait tombée. Les morts ne se décomposeraient plus. Un entrepreneur de pompes funèbres berlinois, Walter Müller, affirmerait que les corps mis en terre il y a trente ans auraient l’air d’avoir été inhumés la semaine dernière […] C’est comme s’ils avaient mariné dans des produits conservateurs. Côté marinade, on fait mieux chez Top Chef. Cela va encore être la faute de l’industrie agro-alimentaire qui nous gave depuis des années de la série des « e », bien éludée par Georges Perec dans la « Disparition ».

Nos chers disparus ne disparaitraient donc plus, du moins pas aussi bien que leurs aïeux qui avaient déjà la dalle. Et quand la science s’emmêle, pardon s’en mêle, il faut prendre la chose, même si c’est la mort, au sérieux. Ainsi le Pr Horn déclare : « Les processus de décomposition naturelle sont ralentis. Nous pensons que ce phénomène est dû à l’absence d’une bactérie importante, mais nous ne savons pas à quoi tient cette absence. » Avec ça, on n’est guère plus avancé.

Une chose est sûre, on espérait que la mort rétablirait l’équilibre sur la terre et en dessous. Avec nos enveloppes corporelles inoxydables, il y aura surpopulation au-dessus et au-dessous. Ne serait-il pas temps de retourner sur Mars ?